mercredi 19 mai 2010

Saint Isidore et Saint Crétisme




Cette semaine sur les calendriers est aparu San Isidro Labrador. Qui fut ce brave Isidro, je n'en sais rien mais ce qui es sûrt c'est qu'ici on le fête en grand. et pourquoi? parce que la Saint Isidore (15 mai) marque le retour des pluies. ca n'a d'ailleurs pas manqué puisque ce 15 mai dernier il a plu une bonne partie de la journee.



Voila plusieurs semaines que l'on s'active dans les champs, on défriche les monts, on prépare la terre, on veille sur ses semences. Tout est prêt, reste seulement à planter mais pour cela... il faut auparavant bénir les sémences. Toute la semaine, nous avons donc célébré dans plusieurs communautés des benedictions de semences.




Cette semaine, dans le même élan, nous avons célébré le Dhipak, l'Esprit du Maïs. une magnifique célébration. L'homme qui préside la prière vient de Tampamolón, une paroisse voisine. un ami m'a servi de traducteur au cours de ce rituel, tout en tenek.




La rencontre entre le christianisme et les religions traditionnelles est quelque chose de passionnant et intriguant. Il n'y a pas en réalité de juxtaposition de croyances ou bien de petit mélange maison, il y a un syncrétisme. j'emploie le mot sans bien le maitriser. Mais il y a je crois une différence majeure entre le syncrétisme et la religion à la carte (comme c'est à la mode sous nos latitudes): le syncrétisme est organisé, présente une synthèse cohérente.

Cet homme qui prie rend grace a Pulik Pailom (Dieu) et à Pulik Mim (la Terre) pour les dons recues, pour la vie, la pluie, le maïs... la prière s'organise autours de la célébration des quatre points cardinaux, symbolisés par les quatre enfants. On offre à chaque point cardinal une accion de grâce, de l'eau, de l'alcol de cane et une bougie. Offrant l'eau, il rapelle qu'elle est l'eau du bapteme, et fait le récit de la libération d'Egypte, rappellant ainsi toute l'histoire du salut.

Cet homme assume donc son être teenek de manière chrétienne et vit sa foi au Christ à travers des symboles de la culture teenek.

Pour nous le syncrétisme apparait spontannément comme une dénaturation, une frelatrie, étant acquis que, nous au moins, nous vivons un christianisme totalement pur. Il existe bien sur de nombreuses réalités indiennes au Mexique. A Tanlajás, les indigenas teenek avec lesquels je vis sont pleinement teeneks et pleinement catholiques (l'identification teneek-chretiens étant peut être , pour certains, moins problématique que teenek-mexicain).




En réalité, je crois que l'évangelisation repose précisément sur le syncrétisme, au niveau individuel ou sociétal. Je ne maitrise absolument pas le sujet, mais je crois que, au final, ce que nous nommnons syncretisme es assez proche, poru certains aspects, de ce que l'on appelle l'inculturation (aculturation?).

Les pratiques des cultures indiennes en Amérique latine nous choquent parce que l'evangelisation est encore récente. Dans nos pays de vieille chrétienté, nous avons oublié que l'évangélisation du monde romain ou de la France est passée par l'assimilaition d'éléments provenant des cultures paiennes. nous célébrons Noël un 25 décembre au moment de la fête du solstice d'hivers, nous construisons des églises là où s'édifiaient des temples, nous emplyons et adaptons notre langage aux univers culturels rencontrés, et il ne peut en être différent.

Il y a toutefois une différence entre le syncrétismne et les comportements religieux actuels. ces derniers en effet ne semblent pas porter en eux le désir de la cohérence. on peut être catholique, pratiquer la relaxation "boudiste", être un adepte de la reflexologie, être un grand lecteur de littérature de développement personnel, etc.


Bref, tout ca pour dire, que nous avons eu de belles célébrations...certes un peu longues, comptez en 4 et 5h: 30 minutes de procession, 1h de rite du Dhipak, 1h de danse et priere animée par le groupe des "adorateurs nocturnes", 2h de messe, 1h de repas partagé. Pour allonger encore un peu, faites confiances aux voitures de la paroisse toujours prêtes à prolonger le plaisir...dimanche dernier, en rentrant, la voiture nous a lâché (le classique coup du liver de vitesse qui refuse de passer les viteses et de la batterie). il était 1h du mat, a Tancolol. Nous sommes donc rentrés à pieds jusqu'a Tanlajas et sommes arrivés à 2h30 du matin.

1 commentaire:

Michel a dit…

Eh ben si même la voiture se met de la partie!
Merci de ce beau témoignage, vivant! Et de ton analyse: à poursuivre, a faire grandir, a renforcer.... ca fera du bien a notre bonne vieilli théologie!!
Merci François