dimanche 28 septembre 2008

Revue de presse

Pour decouvrir des nouveaux mots toutes les deux lignes et pour prendre la temperature de la region et du pays, rien de tel que de lire le journal. A Tanlajás, nous recevons El mañana de Valles. Le journal presente les nouvelles de l'etat de San Luis, de la ville de Valles, des differentes municipalites ainsi que quelques nouvelles nationales ou internationales. Le plus surprenant est peut etre les cinq dernieres pages qui sont reservees a la police: photos a l'appui, un resumer de toutes les arrestations ou accidents. En derniere page, en grand et couleur, chaque jour la photo d'un accident ou d'un meurtre de la vieille, avec si possible un gros plan pour bien voir ou est rentree la balle et combien de litre de sang se sont repandu sur le sol ! (le pire c'est que je n'exagere pas)
Il y a en realite peu de vraies informations politiques, ce sont les faits divers qui predominent. Il en es de meme a la tele, tous les jours le meme JT : la drogue, les armes, la police, les arrestations.
La presse en generale est assez peu investigatrice... en meme temps, il y a trois semaines, un journaliste qui cherchait a mettre en evidence des pratiques de corruption s'est fait assassiner, alors evidemment ca calme un peu.

Lundi, je feuillette le journale et sur la page de la Huasteca centrale, je decouvre ce petit article : etonnant non ?



ps: je vous laisse faire la traduction, histoire que vous puissiez exercer votre español. Un cadeau surprise a celui qui m'enverra la traduction la mieux realisee !
Vous aurez aussi note que Miguel est allemand !

samedi 20 septembre 2008

De l’expérience d’être barbare

Voilà un mois que je suis plongé dans un nouveau contexte culturel et parmi les nombreux changements et dépaysements la langue n’est pas des moindres. S’il m’est globalement possible de m’exprimer simplement et de comprendre quelqu’un qui parle lentement, je ne peux encore comprendre des conversations à plusieurs, les films non sous-titrés en espagnol, ce que dit un prof dans une classe où tout le monde parle en même temps !
Le fait de ne pas connaitre bien la langue est source d’observations plus attentives mais aussi de frustrations. Je crois que débarquer sans être bilingue est une chance. Il est vrai que je dis ça aujourd’hui, si dans trois mois je ne comprends toujours rien à ce qu’on me dit et si je suis incapable de m’exprimer évidemment peut être changerai-je alors d’avis ! Ne pas maîtriser la langue possède quelques intérêts ou avantages : je suis de facto placé en situation d’infériorité par rapport à l’interlocuteur, c’est moi le pauvre. Pour les monaguillos que j’encadre c’est une vraie fierté : ils ont appris l’espagnol à mon prédécesseur, ils sont heureux de pouvoir être mes profs. Le fait de ne pas comprendre la langue oblige à se concentrer sur les autres moyens de communications, non verbaux : les expressions, les mains, la position du corps, le regard…La participation à l’eucharistie au début est très intéressante. Ne comprenant pas ce qui est dit, je suis plus sensible aux gestes, aux rites, aux habitudes. Regarder le journal télévisé fait ressortir la « mise en scène » d’un JT : les regards, les intonations de voix, les musiques…
Cependant, il est parfois pesant de ne pas parler correctement. Ainsi, il me faut accepter de ne pouvoir exprimer que des pensées simples. Penser avec peu de mots est un exercice difficile et terriblement frustrant. Consentir à ne pas pouvoir dire exactement ce que l’on veut, mais seulement ce que l’on peut.
Nous sommes réciproquement des étrangers les uns pour les autres : « c’est un français », « ce sont des mexicains ».
Comme je vous l’ai dit, afin d’améliorer mon espagnol, je suis actuellement à Aquismon. L’établissement compte une petite centaine d’élèves ce qui ne me dépayse pas trop de la Ferté ! Sur une petite structure comme celle-ci la venue d’un étranger ne passe évidemment pas inaperçue. Je suis une bête curieuse. Les garçons roulent des mécaniques, les caïds font les fiers, les filles sont en émois. Bon ok peut-être que j’en rajoute un peu… mais pas tant que ça ! Tous veulent savoir comment se prononce leur prénom en français et surtout comment on dit « Te quiero » ! Au début, ils me parlent à toute vitesse (enfin la vitesse normale). On vient de leur dire que je viens ici pour apprendre l’espagnol mais ça ne leur vient pas à l’idée de me parler lentement ou avec des mots simples. Certains font quelques efforts mais cela est fatiguant pour eux ; rapidement ils reprennent leur rythme habituel. Et puis, comme on voit que cela m’est difficile de parler et qu’il leur faut faire un effort pour m’adresser la parole lentement, on ne fait plus trop attention à moi.
En cours d’espagnol avec les petits, le prof aborde la ponctuation (traduire : il lit le bouquin à voix haute). A la pause, je vais le voir, il me demande si tout va bien. Je lui réponds que pour moi ce qui est intéressant c’est d’apprendre du vocabulaire. Lui indiquant sur le livre les guillemets (le signe et la définition présente juste à côté), je lui dis que cela est du vocabulaire utile mais lui comprend que je ne sais pas ce que c’est les « comillas ». Et le voilà en train de m’expliquer ce que sont les guillemets, leur usage, « c’est pour citer la pensée d’un auteur sans la déformer… ». Peut être n’est ce là qu’une volonté de m’expliquer simplement, mais j’avoue que, sur le coup, j’ai eu l’impression qu’il me prenait pour un abruti, enfin, c'est-à-dire un collégien ; ceci m’a « un peu » vexé. Je fais le raisonnement suivant : les enfants ne parlent pas bien la langue, François ne parle pas bien l’espagnol, donc François est un enfant, il pense et est aussi développé qu’un enfant. Quand l’autre ne parle pas ma langue, j’en viens à oublier que c’est un adulte et que c’est un être doué de raison. Je me revois avec les jeunes avec lesquels j’ai fait visiter l’église ND à Annecy. L’un était anglais, l’autre hollandais. Après avoir réexpliqué pour la troisième fois quelque chose et vu qu’il ne pigeait toujours pas, il m’est arrivé de me dire : « mais il est con ou il le fait exprès ? » Non, il n’était pas con, c’est juste qu’il n’avait pas compris.
Autre impression : si l’autre ne dit pas grand-chose (parce qu’il lui est difficile de s’exprimer), c’est un con (je résume) ; en revanche, si je me rends compte que l’autre savais quelque chose mais qu’il ne me l’a pas dit, c’est un fourbe et un menteur (au moins par omission) ! J’oublie même que s’il ne me l’a pas dit c’est peut être tout simplement parce qu’il ne le pouvait pas.
J’ai dit avoir été choqué qu’il me croit avoir le QI d’une huitre mais dans le même temps je me rends compte avoir eu exactement la même réaction vis-à-vis du Tenek. Nous avons cette impression spontannée que celui qui ne parle pas ma langue (surtout s’il utilise une langue de pauvres – ici, le tenek, en France, prenez l’arabe) est tout de même, objectivement, un peu sous développé. Le tenek est une vieille langue parlée par une poignée d’indiens dont la culture est en voie de disparition, elle ne peut être que pauvre et peu développée. Je suis tombé, il y a quelques jours, sur une grammaire tenek ; j’ai découvert que non seulement il existait une vraie grammaire, mais qu’il y avait plusieurs formes de subjonctifs et des irrégularités dans les conjugaisons…étonnant, non ? Ces gens là de la huasteca qui parlent le tenek ne sont donc pas des abrutis, des atrophiés du cerveau ou du langage ! Leur langue a donc une certaine pertinence pour décrire le monde –c'est-à-dire autant que tout autre langue.
Je suis également frappé de ce que, spontanément, ma langue m’apparait comme la plus parfaite. Les jeunes du collège me disent que l’espagnol est difficile (traduire meilleure) parce qu’un mot peut avoir de nombreuses significations. Le français que je suis a tendance à voir dans cette accumulation de sens pour un seul mot une pauvreté de l’espagnol, même pas foutu d’inventer des mots pour décrire les choses précisément !
Il n’y a rien à faire, je ne peux m’empêcher d’avoir un sentiment de supériorité de ma langue sur celle de l’autre. J’ai ancré en moi l’idée que ma langue est la meilleure pour décrire et mettre en mots le monde, la pensée… parce que vous comprenez, mon brave monsieur, vous dans votre langue vous n’avez pas toutes les nuances que nous avons, vous ne pouvez avoir accès au réel aussi bien que nous.
Penser dans une autre langue est une expérience vraiment passionnante. Cela me permet d’appréhender ma langue dans sa singularité et ses particularités. En un mot, cela me permet de penser ma langue comme langue. Quelle sensation d’expérimenter la contingence de notre vocabulaire, de notre langue. Cela permet de mettre en évidence l’aspect « artificiel » du langage et de sortir de l’idée selon laquelle il existerait un rapport réel entre le mot et la réalité désignée.

Avant de partir en coopé, je suis allé en pèlerinage à la Procure et y ai fait quelques achats de bouquins, histoire de pouvoir survivre. En ce moment je suis en train de lire un essai absolument passionnant de Tzvetan Todorov « La conquête de l’Amérique – La question de l’autre ». Voici un extrait de la 4ième de couverture : « A la question : comment se comporter à l’égard d’autrui ?, je ne trouve pas de moyen de répondre autrement qu’en racontant une histoire exemplaire, celle de la découverte et de la conquête de l’Amérique. En même temps, cette recherche éthique est une réflexion sur les signes, l’interprétation et la communication : car la sémiotique ne peut être pensée hors du rapport à l’autre. » Le livre est prodigieusement intéressant. Et voici qu’au cours de la lecture, je rencontre ce paragraphe qui semble illustrer en partie ce dont je parlais :
« La première réaction, spontanée, à l’égard de l’étranger est de l’imaginer inférieur, puisque différent de nous : ce n’est même pas un homme, ou s’il l’est, c’est un barbare inférieur ; s’il ne parle pas notre langue, c’est qu’il n’en parle aucune, il ne sait pas parler, comme le pensait encore Colon. C’est ainsi que les Slaves d’Europe appellent l’Allemand voisin nemec, le muet ; les Mayas du Yucatan appellent les envahisseurs Toltèques les nunob, les muets, et les Mayas Cakchiquels se réfèrent aux Mayas Mam comme aux « bègues » ou au « muets ». Les Aztèques eux-mêmes appellent les gens du sud de Vera Cruz nonoualca, les muets, et ceux qui ne parlent pas le nahuatl, tenime, barbares, ou popoloca, sauvages ; ils partagent le mépris de tous les peuples pour leurs voisins en jugeant que les plus éloignés, culturellement ou géographiquement, ne sont même pas propres à être sacrifiés ou consommés (le sacrifié doit être à la fois étranger et estimé, c'est-à-dire en réalité proche). " Notre dieu n’aime pas la chair de ces peuples barbares. Pour lui, c’est du mauvais pain, dur, insipide, parce qu’ils parlent une langue étrangère, parce que sont des barbares " (Duran, III, 28). »
T.TODOROV, La conquête de l’Amérique – La question de l’autre. p 99
Edition du Seuil, collection Points 1991².


Et une deuxième citation pour la route :
« Le nom de la province de Yucatan, symbole pour nous d’exotisme indien et d’authenticité lointaine, est en réalité le symbole des malentendus qui règnent alors : aux cris des premiers Espagnols débarqués sur la péninsule, les Mayas répondent : Ma c’ubah than, nous ne comprenons pas vos paroles. Les Espagnols, fidèles à la tradition de Colon, entendent « Yucatan », et décident que c’est le nom de la province. » (Ibid. p 129)

Morale de l’histoire : ne jamais prendre quelqu’un pour un con sous prétexte qu’il ne parle pas votre langue ! Je prends plaisir à écrire tout cela, juste pour pouvoir y revenir quand, de retour en France, je serai confronté à l’accueil d’un étranger… on oublie tellement vite ce genre de bonne résolution !

mardi 16 septembre 2008

Rentrée des classes
Afin d’améliorer mon espagnol, je vais étudier au collège/lycée d’Aquismon. Me voilà redevenu élève. Pour moi l’expérience est passionnante ; dans le même temps que j’apprends l’espagnol, je découvre un autre système éducatif. Le prof que je suis ne peut pas s’empêcher évidemment de comparer et de se poser un certain nombre de questions.
Au Mexique, l’école est obligatoire jusqu’à 14 ans, soit jusqu’à la fin de la secundaria. La « prépa » est une préparation à l’université. Mais sur une classe de deuxième année de prépa, la proportion d’élève à poursuivre des études est assez faible.
L’organisation journalière est dictée par la chaleur. Les cours commencent à 7h, ce qui est passablement inhumain ! Les cours ont une durée de 50 min.
Ce qui frappe d’abord est la qualité des relations entre le prof et les élèves. Culture orale oblige, c’est la relation qui prime. Pour le petit français que je suis, voir les élèves taper sur l’épaule du prof pour l’interpeler me semble un peu étonnant. Globalement, à première vue, les élèves font ce qu’ils veulent : ils sortent prendre l’air, ils vont au toilettes, changent de place, vont discuter dans le fond de la classe… inutile de dire que dans ces cas là j’ai tendance à bouillir sur place. Evidemment, cela n’est pas le cas avec tous les profs mais on peut dire que les relations sont bien différentes. De plus, mon arrivée perturbe forcément la classe. Je suis l’attraction de la semaine ! Tous veulent savoir comment se prononce leur prénom en français et surtout – la première question n’était qu’un prétexte – comment se dit « te quiero » en français !
Lors des récréations - parfois en cours – les élèves achètent de quoi se sustenter. Dans chaque école, il y a une cafeteria où il est possible d’acheter des refrescos (rafraîchissements), des enchiladas (tortilla, fromage ou viande et piment), des confiseries pleines de sucres et de graisses, le rêve. Mais ce qui a le plus de succès demeurent les paquets de chips au citron. Le but du jeu consiste à ouvrir le paquet et a y verser le plus de sauce, ultra pimentée bien sûr. Pour donner un ordre d’idée, un coca coûte 8 pesos, c'est-à-dire un peu moins de 50 centimes d’euros.
D’après ce que j’ai pu en percevoir et en comprendre, le savoir est surtout encyclopédique. Il s’agit de mémoriser des données et de les restituer. On est bien loin du constructivisme ! Au programme de géographie de première année de secundaria, l’équivalent de la cinquième, il y a l’étude de la tectonique des plaques. Je suis sidéré de voir la présence de nombreux termes : subduction, discontinuité de Mohorovicic et de Gutenberg, courants mantelliques convectifs, asthénosphère… le tout tient sur une demie page. En réalité, je ne sais pas ce que les élèves peuvent comprendre à toutes ces notions. Il n’y a aucun travail sur les conceptions, il n’est pas ici question de construire une notion. Dans le programme de biologie de cette même classe : étude la méiose ! Evidemment de manière assez peu détaillée mais tout de même, en France, c’est le programme de TS.
De même en math, au programme : « tracer la droite y = 2x + 1 et calculer le coefficient directeur »… quand on pense nos lycéens ont parfois du mal à faire un malheureux graphique… (je parle des lycéens en général, évidemment, pas des miens !).
En bon français, c'est-à-dire avec un ego un rien surdimensionné, j’avais dans l’idée que la France était l’un des rares pays, si ce n’est le seul, à proposer de la philo à ses lycéens. Et bien, il n’en est rien. Ici la philo commence en fin de seconde. Je découvre également de nouvelles disciplines comme Ethique et valeurs ou encore asignatura estatal. Cette dernière doit permettre une meilleure connaissance de l’état de San Luis Potosi. C’est un mélange de géographie, d’histoire, de sociologie…


Autre expérience amusante : le cours d’anglais en espagnol. Faire apprendre l’anglais aux élèves est à la fois indispensable et pour certains surréaliste ! La quasi-totalité des élèves a pour première langue le teenek. L’usage de l’espagnol est parfois difficile. L’anglais est donc pour eux une troisième langue qu’ils apprennent avec l’accent américain, évidemment. Mais pour moi, suivre le cours d’anglais s’avère dangereux ! A la sortie du cours, impossible de parler et de penser en espagnol, tout venait en anglais. J’ai donc décidé d’éviter les cours de langue… j’ai assez de l’espagnol, inutile de se mélanger les pinceaux avec l’anglais !
Je vais être à Aquismon pendant un mois, peut être deux. A voir.

Rencontre avec les monaguillos
Les monaguillos, littéralement les petits moines, sont les enfants de chœurs. Leur prestation liturgique est tout à fait perfectible mais leur bonne volonté et leur dynamisme sont sans égal ! En fait, cela ressemble plus à une équipe de scout. Les monaguillos se retrouvent tous les dimanches après midi à partir de 15h pour des activités diverses. Pour commencer l’année, nous proposons une fonction de ciné. On propose ainsi de voir des films sur grand écran grâce au vidéoprojecteur de la paroisse et ce pour la modique somme de 2$ (environ 15 centimes d’euros). Hier : Némo, La Marcha de los Pingüinos (la marche de l’empereur), 20 000 lieux sous les mers.


¡Viva Mexico !
Aujourd'hui, c'est le jour de la fete de l'independance. Hier soir, grande fete a Tanlajas : danses, chants, discours, lecture de la declaration d'independance, salut au drapeau et bal. Aujourd'hui, defile des elves mais la pluie est venue perturber la fete. Des photos a venir mais c'est tres tres long a charger !

A bientot
ps : quelques photos sur picasa

lundi 1 septembre 2008

Photos

Mon appareil photo est mort, vive l'appareil photo du padre Andres ! Voici en lien quelques photos de la maison. Je n'en ai mis aue 6 pour le moment car c'es assez long á charger. D'autres viendront par la suite. [voir l'album photo]

Je vais consacrer plusieurs semaines pour improuver mon español. Demain nous allons visiter le college joséphin d'Aquismons, une minicipalité voisine. Je ne sais pas encore avec quel niveau de classe je vais me retrouver... moi qui suis prof, je vais me retrouver avec des eleves de secondes ou de sixiemes ! Je serai interne et ne rentrerai que les we sur Tamlajas.

bonne semaine a vous et bonne rentree