Les curieux sont arrivés un peu plutôt. En apparence pourtant rien d’extraordinaire à voir un camion décharger sur la place. Mais voilà, ce camion n’est pas n’importe quel camion : c’est celui de Selva Negra. Ce nom ne vous dit certainement rien mais ici une super star… bon au moins dans la Huastéca. Tandis que le groupe s’installe, les militants du PAN s’activent pour décorer les halles municipales aux couleurs du parti.
Comme le PAN, les autres partis ont clôturé cette semaine leur campagne électorale. Cinq soirs de suite, les rues de Tanlajás se sont remplies de sympathisants. En réalité, ce sont les mêmes qui viennent chaque soir ; seul change le T-shirt. Le PANAL et le PRI ont peu mobilisé. Les trois grands partis traditionnels ont eux attiré près d’un millier de personne.
Le rituel est immuable : la soirée commence par une marche sur Tanlajás, tels un empereur romain entrant triomphalement dans une ville conquise, feux d’artifice, pétards, ballons, musiques… S’en suit la présentation de l’équipe puis pour finir le mot du candidat. La soirée s’achève par un bal.
La politique est ici résolument festive.
Les allocutions des candidats sont totalement populistes. Il y a une confusion entretenue entre le parti et l’état/la municipalité. Les promesses sont, évidemment, disproportionnées. Et chacun de s’engager à respecter le peuple, à ne pas continuer dans le logique de corruption, etc, etc. On a vu la candidate du PT s’élever contre le détournement d’argent du maire sortant pour construire sa maison, omettant de préciser que sa propre maison a été construite avec les deniers publics lorsque son époux était maire il y a 6 ans… Tous les discours sont contradictoires. C’est affligeant.
Discussion avec un homme d’une communauté : « moi je vais voter pour le PAN, ils m’ont offert un verre de soda ». Je marque mon étonnement et lui rappelle qu’il est bien libre de voter pour qui il veut. « Oui, mais ils ont installé quelque chose dans le verre qui va les renseigner sur qui j’ai voté. » Généralement après ça, je ne sais jamais trop quoi dire.
La chose la plus triste est de voir le peu d’intérêt pour le bien commun. L’élection est la possibilité d’accéder à un emploi. Il faut être amis du candidat car il pourra peut être t’offrir un poste à la mairie. Les partis font la tournée des communautés relevant les numéros de cartes d’électeurs – chose totalement illégale – afin d’avoir une liste de sympathisants. Après l’élection, si tu n’as pas donné ton nom avant, tu n’as aucune chance pour qu’une demande de subvention ou d’aide de la mairie te soit accordée. Je ne parle même pas des gens qui vont pour acheter les votes en échange de deux ou trois cents pesos.
Nous avons, pour notre part, profiter de ces affluences massives pour vendre quelques petites choses à manger afin de financer le voyage à Tepic, et cela a bien marché.
Le Grand silence
Aujourd’hui, un peu à la manière d’un samedi saint, nous entrons dans le grand silence jusqu’aux élections. Toutes les affiches – et dire qu’il y en a beaucoup est un euphémisme - ainsi que les peintures murales doivent disparaitre. A la radio ce matin, aucune chanson de candidat.
Le vote c’est dimanche. On votera à sept endroits de la municipalité. Pour voter, il faut cocher la photo de son candidat, il n’y a pas d’enveloppe. On pose le bulletin dans l’urne. Les comptages ont lieux deux fois. Le résultat devrait être connu dans la nuit de dimanche à lundi.
Je ne serai même pas là ! Je pars ce soir pour quelques jours sur le DF. Dimanche à lieu une messe d’action de grâce en raison de la béatification d’Emilie de Villeneuve qui aura lieu ce dimanche à Castres : nous allons représenter la France !
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