Ce billet nait d’un double étonnement.
Premièrement : je viens de me rendre compte d’un truc dingue.
Deuxièmement : il m’a fallu deux pour en prendre conscience.
Aujourd’hui, en la fête de la sainte trinité voici le chant que nous avons pris durant la communion :
Señor, permite que te hable hoy,
Del dulce encuentro que me cambio,
La hora feliz en que yo escuche,
Tu palabra de amor.
1. Dime como pudo suceder,
Si en la luz que el sol vierte al surgir,
O cuando el dolor me hace sufrir,
O fue en la noche al volver.
2. ¿Fue cuando una rosa deshojé,
O en la fuente de agua que bebí;
O fue en el calor del dulce hogar,
Donde por fin te encontré?
3. No fue en las horas de ilusión,
sino al decidir mirarme bien;
Como amigo en mi alma te encontré:
tú me esperabas ahí.
Peut être êtes vous bilingue et aurez vous découvert un chant un rien cul-cul ; peut être n’entendez vous rien à l’espagnol, mais même dans ce cas, aurez pu noter un fait étrange. Regarder bien les fins de lignes, qu’on lise ou non la langue de Cervantès, on voit bien que ça ne rime pas. Alors me direz-vous : et la strophe 1, alors ? Oui, certes, mais à voir le reste et tous les carnets de chants que je me suis empressé de compulsé, me font plus pencher pour une heureuse coïncidence, tout au plus.
Vous comprendrez mon profond émoi devant cette découverte. Comment est-il possible de composer un chant aussi mal ? l’auteur était-il mal en point ? pressé de terminé ? ou j’menfoutiste ? Voilà donc quelque chose de bien étrange aux oreilles d’un français. Car nous, voyez-vous, nous savons ce que c’est la poésie, les rimes et tout le tintouin. On nous enseigne ça depuis tout petit : lune rime avec plume, Pierrot avec mot. Car ainsi sommes nous : il nous plait entendre rimer les mots et se répéter les sons. Il nous enchante la douce mélodie des sanglots longs de l’automne, surtout quand elle rime avec la langueur monotone. Il nous émeut entendre rimer Liberté avec Egalité et Fraternité, ou encore gratitude avec bravitude.
L’hispanophone serait-il rimophobe ou bien simplement abruti ? Où sont donc passées ces chères rimes croisées, embrassées, plates ou riches qui peuplaient mon Lagarde et Michard ?
N’en concluions pas trop vite au crétinisme de nos amis hispanophone (sans toutefois rejeter complètement l’idée). C’est que, vous-vous, l’espagnol est une langue qui possède, à la différence du français, des accents toniques (rien à voir avec le Gin du même nom). La poésie d’un texte ne réside donc pas dans les rimes mais dans le rythme.
Si je m’intéresse aux rimes c’est que je suis en train d’essayer de composer un chant pour une rencontre de jeunes que nous aurons le 20 juin. Comme à chaque fois que je colle à l’exercice, je retrouve face à la même difficulté : faire coller les accents toniques avec les accents musicaux. La prosodie espagnole est donc autrement plus compliquée qu’en français, en tous cas pour moi, tout berrichon que je suis.
lundi 31 mai 2010
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