dimanche 8 février 2009

Jour de courrier

« Cher frère,
Tu reçois aujourd’hui un texte inédit. Voici que cette lettre, pour parvenir à toi, a voyagé dans le temps et dans l’espace. Toi aussi. Mais avec une autre temporalité. Incroyable et étonnante relativité du temps. »


Jour de courrier. Une fois par semaine, nous allons chercher le courrier à la poste de Tanlajás. Quelques lettres, les revues spiritaines du Portugal, des Etats-Unis, des courriers destinés à des spiritains qui ne résident plus sur Tanlajás depuis plusieurs années, le paquet de feuille de messe du mois de février ; une lettre pour moi.
La lettre porte l’oriflamme de la DCC. Il me semble reconnaitre le format de l’enveloppe. Je me hâte lentement d’ouvrir l’enveloppe. Une carte de la DCC, débordant de petits mots des coopérants Salsa-Souk, mon équipe lors du stage de formation de Carquefou, en juillet dernier. Salsa-Souk, c’est l’alliance de l’Amérique latine, la salsa, et du Maghreb, le souk. Il y a aussi une lettre. Longue. J’ai un grand plaisir à reconnaitre l’écriture : c’est la mienne. Je reçois aujourd’hui ma « lettre à moi-même ».
Durant le stage de préparation au départ, nous sommes invités à prendre le temps d’écrire une lettre à soi-même. Prendre le temps de s’écrire. La lettre nous est envoyée au bout de quatre ou cinq mois de coopé.
Ouvrant la lettre, je ne me souviens absolument pas de son contenu. J’accueille avec joie ces paroles adressées au François coopérant au Mexique depuis quelques mois, que je suis. Je dois avouer que je trouve ça très beau. Je m’entends redire les raisons qui m’ont animé à partir en coopé et celles qui m’ont fait accepter le poste, après les hésitations quand j’ai reçue ma proposition d’affectation. Après m’avoir redis quelques convictions fortes, je suis bombardé de questions par celui qui, avant le départ, se demande où il va atterrir… les craintes qu’il formule, pour la plupart, me font sourire aujourd’hui.
Et puis il y a tous ces petits mots des uns et des autres qui enchantent et réchauffent ; les visages et les voix qui reviennent. Eux aussi sont en train de recevoir leur lettre, avec le décalage de l’acheminement aux quatre coins du globe. Au Maroc, en Algérie, en Tunisie, au Pérou, au Brésil, en Equateur, en Bolivie, au Honduras, mais aussi en Chine, aux Philippines, à Madagascar et dans toute l’Afrique et bien plus encore, les coopérants font cette expérience inédite de recevoir cette lettre ; malgré la distance, ce petit geste communion qui nous rappelle que nous ne sommes pas seuls à vivre cette aventure de la coopé.

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