samedi 26 septembre 2009

Fin de règne

Dans mois d’une semaine maintenant s’achèvera la présidence de Juan Efren Barron, maire de Tanlajás depuis trois ans. Le Mexique a gardé son principe de « sufragio libre, no reeleccion ». La réélection, immédiate, est impossible.

Chaque année, l’équipe municipale doit rendre compte de son travail devant le peuple. C’est ainsi qu’hier a eu lieu la troisième, et dernière, réunion d’informe de gobierno ; l’occasion de dresser un bilan du mandat de l’équipe sortante. En tout cas, c’est ce qui était prévu.



La réunion a commencé normalement par le salut au drapeau, l’hymne national, la présentation des invités d’honneurs. A peine le maire avait-il ouvert la bouche pour saluer la foule qu’un groupe de femmes est monté sur le podium afin de réclamer le rétablissement de l’eau.

Voici une semaine en effet que plus une goutte d’eau ne sort des robinets des tanlajenses, ceux de la cabecera mais aussi ceux des communautés (enfin, ceux qui ont accès à l’eau, bien sur). La cause ? la mairie n’a pas payé la facture d’électricité de la pompe qui achemine l’eau depuis le fleuve jusqu’à Tanlajás. La CFE (Comission Fédérale d’Electricité – l’EDF local) a donc coupé le courant, entrainant ainsi une coupure d’eau sur tout le réseau et un certain mécontentement des habitants.

Tout cela est d’autant plus déprimant lorsqu’on apprend que le montant de la facture n’est que de $ 1 700 pesos (95 euros) quand dans le même moment la petite prime de départ que s’octroie le maire est de $ 40 000 pour lui et $ 20 000 pour chacun des proches collaborateurs.

Mais ce n’est pas tout. Alors que la situation est vive entre le groupe de femme et le maire, voici que s’invitent les employés municipaux qui ne sont pas payés depuis un mois et qui viennent réclamer leur solde. Je vous passe les détails, le maire qui tente le chantage, on n’a plus un sou, peut être va-t-on trouver une solution, mais on ne pourra pas payer les deux, vous choisissez : c’est soit l’eau, soit votre salaire.

Quelques vifs échanges et un début de bagarre rapidement circonscrit par la police fédérale, le maire semble avoir signé un chèque pour l’eau (sans qu’on sache toute fois s’il s’agit d’un chèque en blanc ou non). Triste fin de règne donc. Le maire n’aura pas eu le temps de pouvoir venter les mérites de sa politique active de travaux publique… commencée il y a deux mois, juste avant les élections. Personne pour le féliciter des magnifiques toilettes publiques facturés $ 800 000 à la mairie (le coût réel étant estimé entre 250 et 300 000 pesos).



Le navire coule, s’enfonce à grande vitesse et tous les rats quittent le navire cherchant à emmener un petit souvenir avec eux (voiture, argent…). Depuis plusieurs semaines, les articles se multiplient dans les journaux : tout le monde se tire dessus, histoire de se sauver comme on peut. Récemment le responsable des travaux publics (qui gère la descente des subventions de l’état de San Luis), affirmait n’être au courant de rien. Pendant trois ans, on l’a forcé à signer des documents, mais lui bien il n’y est pour rien. « On m’a fait signer des papiers disant que les ponts et les routes réalisés étaient terminés mais je n’ai jamais su si c’était la réalité », intéressant pour quelqu’un dont c’est précisément le travail de s’assurer de la réalisation effective des travaux.

Tout le monde attend avec hâte l’arrivée de la prochaine équipe municipale qui doit entrer en fonction le 1er octobre prochain. Le docteur Rafael, le nouveau maire, est attendu comme le messie. Avec lui, c’est sur les choses vont changer. J’ai tendance, malheureusement, à ne pas partager c’est espoirs proches de la naïveté. La manifestation d’hier était organisée par un clan familial qui a su s’imposer dans la nouvelle équipe.

Triste fin de règne où ceux sont toujours les mêmes qui sont perdants. Tout cela alimente une triste résignation des gens et une envie encore plus grande de quelques uns d’accéder au pouvoir pour pouvoir à leur tour en profiter.

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